lundi 24 novembre 2008

Article Marche Afghane

Marche Afghane & Marche Consciente

‘La meilleure façon de marcher….’

Alors qu’il y a 10.000 ans nous nous déplacions entre 10 et 20kms par jour pour la cueillette, la chasse et/ou la fuite, la question : je dois bouger pour faire du bien à mon corps ne se posait sans doute pas. Cela devait être une simple question de survie. Je vois mal un homme des cavernes se dire : « tiens si je piquais un petit sprint pour échapper à cet ours qui me poursuit ! » ; ou encore « Chérie ! Je sors faire un petit jogging pour essayer d’attraper la gazelle que j’ai blessée tantôt. Prépare déjà le barbecue ! »
‘Blague dans le coin’, je pense que à ce moment là nous ne nous posions aucune question car nous étions tout simplement, pleinement présent à nos activités : en pleine conscience. Ne nous ne faisions aucune distinction entre l’action que nous menions et nous-mêmes.
Sans doute que si un grand reporter d’aventure avait pu tendre un micro à notre ancêtre en pleine chasse, lui demandant ce qu’il faisait, ce dernier n’aurait pas compris la question car il ne faisait rien de spécial….il était tout simplement ‘LA CHASSE’..il était l’action. Je ne sais pas à quel moment de notre évolution nous nous sommes dissociés de ce que nous faisons. J’en veux pour preuve les indiens KOGIS de Colombie, qui ont su préserver leur culture précolombienne depuis des millénaires. Ces Kogis ne font aucune distinction entre eux, leur action et leur environnement. Quand ils marchent sous la pluie, ils ne disent pas : « je marche sous la pluie » ; non, ils disent « je suis pluie ». Ils ne disent pas non plus : « je suis sur l’arbre », mais : « je suis arbre ». Et quand ils observent un coucher de soleil, ils ne disent pas ’Ah ! Quel joli coucher de soleil ont a ce soir !’ ; Non, ils l’accueillent, le reçoivent, le vivent… ils sont alors ce coucher de soleil ! Y punto ! Sans le nommer.
Nommer, oui, nous avons aussi cette fâcheuse tendance à nommer, étiquetter, cataloguer et classer les choses : « J’ai fait une rando de 15 kms aujourd’hui…. J’ai été au Kenya et j’ai vu 3 éléphants, 15 gazelles, 4 lions, 5 girafes et j’ai tout sur mes pixels. J’ai été au Tibet à Lhassa et j’ai vu des tibétains, des yaks et des montagnes…J’ai fait le Mont Blanc cette été (content que tu sois ‘reviendu’ !). Quand des amis, en toute bonne fois, m’énumèrent leurs exploits touristiques, j’ai parfois une petite voix au fond de moi qui crie :’ So What ?!?’ Ça me fait une belle jambe ! Moi, j’aimerais plutôt savoir ce que tu as vécu ?, ce que tu as ressentis ?, des émotions ? , des couleurs ?, des rencontres ? , des moments de vie …y a t’il eu un échange ? T’es tu reposé ? Souvent, il me semble que les voyageurs reviennent épuisés car ils ont dépensé leur énergie à emmagasiner ce qu’ils voient au lieu de vivre le moment ; d’être présent à leur voyage…d’être leur voyage. Un beau voyage, une belle rencontre devrait se lire dans nos yeux, faire briller nos pupilles, faire vibrer notre être !

Il semble que nous fassions, par contre, une exception quand il s’agit de la profession que nous exerçons : je suis médecin, je suis avocat, je suis banquier, je suis chômeur... Nous portons la casquette et l’aura de notre profession au-delà de l’activité elle-même. Lors d’une soirée, il nous est parfois difficile d’échapper aux divers ressentis lorsque nous rencontrons quelqu’un qui nous dit qu’il est chirurgien, juge, ministre, sage-femme, ‘poubelliste’…. Est-ce-que le soir en nettoyant les fesses de mon bébé je suis encore ce grand avocat brillant ou juste un papa dans le vent ? Lorsque je me retrouve dans un stade de foot, suis-je toujours la directrice d’une agence de pub ou alors une fane inconditionnelle de mon équipe préférée ? Lorsque je fais mes besoins vitaux, suis-je toujours ce grand homme politique avec plein de responsabilité ou juste ….
Pour ma part, je suis très embarrassé quand on me demande ce que je suis. Il m’arrive le matin d’être moniteur de Nordic Walking pour une maison de retraite ; à midi d’être conférencier dans un banque ; l’après-midi d’avoir rendez-vous avec mon comptable en tant que chef d’entreprise, en fin d’après-midi d’être Psychothérapeute et de terminer la journée en tant qu’élève dans un cours d’improvisation théâtrale. Entre ces divers rendez-vous, je suis aussi papa de 2 ados qui se débattent entre la formation de leur cortex et leur poussées d’hormones. Donc si vous me demandez ce que je suis, ma réponse dépendra sans doute de l’heure à laquelle vous me l’a posée !

Est-ce que cela voudrait dire que nous devons revenir à ces temps anciens et caverneux ? Non ! Certainement pas car nous ne résisterions pas 5 minutes au stress que nous causerait tant d’imprévus. Mais, nous pouvons nous rapprocher un peu plus de cette présence dans ce que nous faisons. Un bon moyen d’éveiller cette conscience est de le faire en …marchant : que ce soit en randonnée, en trekking ou en Nordic Walking.

Daniel Zanin, qui est un des maîtres à penser de cette mouvance, nous apporte tout un tas d’outils pour arriver à cet état de conscience présente.
Pour moi , un des éléments clés est déjà la bonne respiration nasale qui nous vient de la marche afghane. Premier point, lorsque je suis occupé à inspirer et expirer par le nez…et bien je ne peux pas parler ! Alors bon, j’apprécie aussi que entre autre dans le Nordic Walking on valorise le côté social et communicatif, mais c’est vrai qu’un peu de silence de temps en temps c’est du repos pour les oreilles, la tête, et surtout pour le corps. Car effectivement lorsque je parle pendant une activité, je perds énormément d’énergie et je me déshydrate encore plus vite. Comme dit Daniel : la bouche c’est pour parler, boire et manger….le nez pour respirer.
Depuis que j’ai introduit la respiration nasale dans mes rencontres et cours de Nordic Walking…je me défatigue en marchant, je me revitalise !
Le fait de respirer consciemment à différents rythmes implique que je me remplis de l’air, que je me nourris de cette air qui est mon carburant, mon ‘prâna’ (dixit Daniel) pour aller plus loin sans me fatiguer.
Après vient se rajouter toute une série d’exercices qui provient aussi bien du yoga (respiration abdominale), du tai-chi (sentir le Chi, l’ancrage dans le sol), de l’expression corporelle (se faire guider en aveugle à travers la forêt par un partenaire), des sons comme des bols Kansu, voire même de la danse africaine quand je déboule une montange à toute berzingue en chantant ‘Saga Africa’ dans ma tête et en laissant mes pieds me guider en toute sécurité sur les cailloux glissants.
Grâce à l’attention que nous portons à notre rythme respiratoire, nous ne nous laissons pas emporté par cet état ‘de transe’ dont sont dépendants certains sportifs d’endurance. Nous restons vigilants, conscients, PRÉSENTS !.
Ces exercices nous permettent d’un côté de bien remplir et ressentir notre corps, mais aussi d’être aux bon endroit aux bon moment. Nous ne sommes pas un marcheur dans la forêt, mais nous devenons la marche, nous faisons partie de la forêt… du chemin… de la vie ! Nous sommes tout simplement. On pourrait presque dire : ‘je suis….donc je suis !’.
Marche Afghane et Marche Consciente me paraissent indissociables avec l’approche ‘ecosophique’ du bien-être physique et mental que nous prônons à La Maison du Bien-Être. L’engouement que nous rencontrons depuis que nous donnons des cours d’initiation et que nous avons introduit ces notions dans nos cours et rencontres de Nordic Walking prouve que nous cheminons sur la bonne voie.

Christof Grozinger

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